dimanche 27 novembre 2011

CFP - CRECIB/SAES 2012

Atelier CRECIB - Congrès SAES Limoges 2012
De Josephine Butler à Mary Whitehouse. Les mouvements britanniques pour la réforme morale entre progressisme et réaction

Le mouvement pour l’abolition de l’esclavage a servi de modèle à d’innombrables groupes de pression. On y a vu l’exemple même d’une cause morale oeuvrant pour la libération d’une partie du genre humain, voire de son ensemble, bref d’une alliance objective entre morale, foi et progressisme. A l’inverse, la morale et la foi ont souvent été mises en avant par des mouvements désireux de lutter contre une libération des mœurs perçue comme décadente. On serait donc tenté, dans le sillage d’un Roy Jenkins qui appelait de ses vœux l’avènement d’une civilised society à l’aube des années soixante (The Labour Case, Penguin, 1959), d’associer la notion de rigorisme moral à celle de conservatisme politique. Le fait que le projet thatchérien se soit donné à lire comme une entreprise de restauration morale tout autant que de radicalisme économique a renforcé cette perception, de même que certains épisodes ultérieurs comme la campagne « Back to Basics » lancée par John Major. Le schéma est d’autant plus séduisant qu’il paraît s’appliquer à d’autres sociétés (avec en prime, au moins dans le cas britannique, l’apparence d’un renversement complet de la dichotomie rigoristes/libertaires sur l’échiquier politique au cours du vingtième siècle, si l’on pense à la forte empreinte du méthodisme sur les premières générations de dirigeants travaillistes, par exemple).
L’analyse fait toutefois rapidement apparaître le caractère réducteur d’une telle présentation. Les clivages politiques, qui traversent d’ailleurs certains parcours individuels, ne suffisent pas à rendre compte de certains processus de mobilisation quand il s’agit d’abord de « lutter contre le péché ». Il n’est pas certain que des catégories plus pertinentes comme le milieu socio-culturel ou l’appartenance et la pratique religieuses épuisent le sujet. En outre, la périodisation suggérée plus haut (évolution de la droite vers la gauche du camp « libertaire ») fonctionne-t-elle en dehors de quelques individus de premier plan et de stratégies gouvernementales ? A quelles aspirations et à quelles inquiétudes répond ce type de mobilisation ? Quel a été son impact dans un siècle de sécularisation des esprits ? Où se situe la ligne de partage entre force d’émancipation et force d’oppression, de « réaction » et de « progrès » ? Quel regard porter sur l’historiographie et les études antérieures, souvent informées par des enjeux militants contemporains ?
L’une des ambitions de cet atelier sera d’appliquer ces questions, dans un cadre britannique qui n’exclura pas certaines études comparatives, à l’ensemble du champ des « croisades morales » (tempérance, jeu, sexualité, contraception et avortement, censure littéraire, théâtrale et filmique, droits des minorités sexuelles, observance du Sabbat, droits des animaux, etc. Cette multiplicité illustre la plasticité de la notion même de croisade morale). On se propose de reprendre le flambeau là où il a été déposé dans une étude récente (M. J-D. Roberts, Making English Morals. Voluntary Associations and Moral Reform in England, 1787-1886, Cambridge U P, 2004). Un point de départ possible serait la création en 1885 de la National Vigilance Association, point d’orgue de la campagne très ambivalente pour l’abolition des Contagious Diseases Acts, dont Josephine Butler ne représentait qu’un des pôles. Ces travaux permettront peut-être d’analyser l’évolution des débats sur la notion de permissivité, ainsi que sur les rapports entre religion, morale et politique (des années 1880 à la fin du vingtième siècle, voire au début du vingt-et-unième).
Observons enfin que le combat pour la réforme morale peut se lire comme la quête implacable d’une certaine forme de transparence, où la frontière entre vie publique et vie privée se trouve souvent remise en cause.

Prière d’adresser vos propositions avant le 5 décembre à Emmanuel Roudaut (IEP de Lille), emmanuel.roudaut(a)orange.fr

CFP - Recherches britanniques

Migrants, Minorities, Exclusion and National Identities in Britain & the Commonwealth
Recherches britanniques, Issue number 3
Deadline for proposals: May 15, 2012
Deadline for articles: September 30, 2012
Articles online: November 2012

As from the late 1940s, and even more from the 1980s, the United Kingdom has become increasingly multi-ethnic. Along with this demographic change, debates have been going on about the integration of immigrants and the means to fight racial discrimination. Policies to this effect were implemented as from the 1960s and were accompanied by restrictive measures aimed at limiting immigration from outside Europe. Multiculturalism, a concept initially developed in Canada and then exported to Australia and New-Zealand, became the official policy of New Labour in the late 1990s. However, this strategy of recognition and promotion of diversity has been called into question since the 2005 London bombings.
These evolutions contributed to the questioning of the definition of British identity. Since the late 1970s, historians, sociologists as well as politicians have been pondering the evolution of Britishness. This issue may provide an opportunity to discuss the multicultural project and its limits, in Britain and in the Commonwealth, especially as regards Muslim communities. Indeed, since the late 1980s, debates about integration, multiculturalism and national identity have largely focused on them.
It would seem relevant to examine the specificity of the situation of economic migrants and political refugees in each nation of Britain and in the Commonwealth. Authors could try to define national or regional distinctive features concerning immigration laws, but also as regards the integration of migrants. Do national policies interact? To what extent is the status of ethnic minorities dependent on current debates over the redefinition of national identities? Conversely, are reflections on these identities affected by discourses on immigration? Should the cosmopolitan nature of identities be taken for granted in the wake of globalization and should the concept of ‘transnational’ or ‘post-national’ identity be regarded as valid? Patterns of ethnic minority mobilisation and their representation in local and national institutions should also be compared. Likewise, we should take stock of current reflections on access to citizenship, especially regarding naturalisation requirements. 
This issue could also aim at a comparison of perceptions of immigration and integration issues in Britain and in the Commonwealth. Are stronger border controls unanimously supported within the United Kingdom? Are Commonwealth member states as distrustful of immigrants? What are the effects of community cohesion policies promoted under Gordon Brown? Have similar schemes been supported by governments in other countries? Are we in a position to measure the impact of migrants on education systems? What sort of schemes have various countries implemented in order to give minorities easier access to job markets? What part did voluntary and community organisations and private corporations play in this integration process?
Besides its political and social aspects, this theme can also be approached from a cultural history perspective. On the one hand, contributors could examine the representation of immigration in the media (the press, cinema, television, the Internet). How are migrants and ethnic minorities portrayed? To what extent do these pictures influence public opinion? On the other hand, processes of institutionalisation of the memory of immigrant communities through commemorations and museums could be compared, including the use of oral history sources.

Proposals for papers of 1,000 words in length at most as well as a brief CV of the author(s) may be emailed by May 15, 2012 to Gilbert Millat gilbert.millat(a)univ-lille3.fr or Philippe Vervaecke philippe.vervaecke(a)univ-lille3.fr.