Notre collègue Thierry Vircoulon, contributeur régulier du GRER, est brièvement interrogé par La Croix d'hier sur les risques d'embrasement racial en Afrique du Sud, après l'assassinat du leader raciste Eugène Terre Blanche par deux ouvriers agricoles noirs.
Voir l'article de The Independent, "Zuma calls for calm after murder of white supremacist"05/04/2010
Y a-t-il un risque d'embrasement racial en Afrique du sud ?
Au lendemain du meurtre du leader d’extrême droite Eugène Terre Blanche, apparemment commis par deux ouvriers agricoles noirs, Thierry Vircoulon, auteur de « L’Afrique du sud au temps de Jacob Zuma » (1) revient sur le climat actuel entre les communautés sud-africaines
Thierry Vircoulon
Chercheur associé à l’Institut français de relations internationales (Ifri), à Paris
« Le climat racial était mauvais avant même l’assassinat d’Eugène Terre Blanche. L’extrême droite afrikaner ne rallie que 1% à 1,5% des votes, alors que les Blancs représentent 8% de la population. Son leader historique s’était retiré de la politique sud-africaine. Les meurtres de fermiers blancs isolés sont une réalité depuis la fin de l’apartheid.
Les tensions raciales les plus fortes se situent dans les provinces agricoles du Nord-Ouest, du Free State et du Limpopo. C’est aussi là que les inégalités raciales sont les plus criantes. Les fermiers afrikaners sont souvent âgés, n’ont plus la possibilité ou l’envie de partir s’implanter à l’étranger et vivent sur leurs exploitations agricoles dans des représentations du passé.
Cela étant dit, seize ans après la fin de l’apartheid, les inégalités raciales ne sont toujours pas réglées. L’émergence réelle d’une bourgeoisie noire et l’appauvrissement d’une partie de la population blanche n’ont pas changé la perception générale de la société sud-africaine.
Depuis trois ans, un nouveau leader, le président de la ligue de la jeunesse de l’ANC, Julius Malema, ne cesse de jeter de l’huile sur le feu. Il soutient le parti de Robert Mugabe au Zimbabwe et accuse de racisme les responsables blancs sud-africains.
Dans ce contexte, le président Jacob Zuma n’a pas encore réussi à imposer une image claire. Il se contente de dire à chaque communauté ce qu’elle souhaite entendre : il inaugure des logements sociaux pour Blancs pauvres ; il visite des fermes afrikaners : il entonne un chant de libération appelant à ‘‘tuer les Boers’’ (fermiers blancs), remise au goût du jour par Julius Malema. Cela ne fait pas une politique. »
Recueilli par Pierre COCHEZ
(1) La fin de la nation arc en ciel ? L’Harmattan, 2009
Thierry Vircoulon
Chercheur associé à l’Institut français de relations internationales (Ifri), à Paris
« Le climat racial était mauvais avant même l’assassinat d’Eugène Terre Blanche. L’extrême droite afrikaner ne rallie que 1% à 1,5% des votes, alors que les Blancs représentent 8% de la population. Son leader historique s’était retiré de la politique sud-africaine. Les meurtres de fermiers blancs isolés sont une réalité depuis la fin de l’apartheid.
Les tensions raciales les plus fortes se situent dans les provinces agricoles du Nord-Ouest, du Free State et du Limpopo. C’est aussi là que les inégalités raciales sont les plus criantes. Les fermiers afrikaners sont souvent âgés, n’ont plus la possibilité ou l’envie de partir s’implanter à l’étranger et vivent sur leurs exploitations agricoles dans des représentations du passé.
« Jacob Zuma n’a pas encore réussi à imposer une image claire »
Cela étant dit, seize ans après la fin de l’apartheid, les inégalités raciales ne sont toujours pas réglées. L’émergence réelle d’une bourgeoisie noire et l’appauvrissement d’une partie de la population blanche n’ont pas changé la perception générale de la société sud-africaine.
Depuis trois ans, un nouveau leader, le président de la ligue de la jeunesse de l’ANC, Julius Malema, ne cesse de jeter de l’huile sur le feu. Il soutient le parti de Robert Mugabe au Zimbabwe et accuse de racisme les responsables blancs sud-africains.
Dans ce contexte, le président Jacob Zuma n’a pas encore réussi à imposer une image claire. Il se contente de dire à chaque communauté ce qu’elle souhaite entendre : il inaugure des logements sociaux pour Blancs pauvres ; il visite des fermes afrikaners : il entonne un chant de libération appelant à ‘‘tuer les Boers’’ (fermiers blancs), remise au goût du jour par Julius Malema. Cela ne fait pas une politique. »
Recueilli par Pierre COCHEZ
(1) La fin de la nation arc en ciel ? L’Harmattan, 2009