vendredi 1 mars 2013

Imaginaire des peuples: reconstructions identitaires après la Première Guerre mondiale

APPEL A COMMUNICATION: JOURNEE D'ETUDE
Vendredi 18 OCTOBRE 2013
organisée par :

Le CERCLL-LESCLAP Linguistique et Sociolinguistique: Contacts, Lexiques, Appropriations, Politiques) et le laboratoire CORPUS (Conflits, représentations et dialogues dans l’univers anglo-saxon)
UNIVERSITE DE PICARDIE – JULES VERNE

La Première Guerre mondiale a bouleversé le système de croyance et de valeurs du monde occidental, mettant en lumière le « malaise dans la culture » grandissant. Si les discours nationalistes belliqueux occupent une large part dans les discours publics, d’autres, fondés sur de nouveaux espoirs, tentent de trouver une façon de vivre ensemble dans le respect des différences. En effet, la chute des grands empires Austro-Hongrois et Ottoman permettant à une dizaine de « petites » nations de faire aboutir leur rêve d’indépendance, ainsi que la création de la Société des Nations en 1920 s’inscrivent dans ce dessein. Idéaliste ou utopique, cet internationalisme des années 20, bien que s’appuyant sur l’esprit des Lumières, en redéfinit l’objet: plutôt qu’un idéal de citoyenneté universelle, on fait l’éloge des particularités. La création de la Cité Universitaire Internationale en 1925 est ainsi fondée sur cette croyance que la lutte « [efficace] contre le grand danger qui menace la civilisation [est] la méconnaissance mutuelle des divers peuples » (1). Dans cet esprit, en 1921, le Rotary International décide d’ajouter un sixième objectif à son association d’hommes d’affaires américains pour « encourager et favoriser l’avancement de la compréhension mutuelle, la bonne volonté et la paix internationale à travers une camaraderie mondiale d’hommes d’affaires, unifiés dans l’objectif du service» (2). Ce goût pour ce que d’aucuns qualifieraient aujourd’hui de « multiculturel » s’accompagne souvent d’une fascination ambivalente. La mode de l’exotisme et des peuples colonisés, le retour au folklore, l’intérêt pour la mythologie, les langues primitives ou pour les peuples ancestraux sont autant d’objets de curiosité pour cette époque, et les évocations telles que l’âme juive, le génie français, l’esprit anglais ponctuent tant le discours populaire que les études littéraires et scientifiques. Toutefois l’hypothèse d’un déterminisme racial sous-jacent au développement de la personnalité d’un individu reflète clairement la manière dont ces « autres », bien que dépeints avec emphase, sont maintenus à distance de la société. En témoigne le succès de Joséphine Baker à Paris dans les années 20. Son accueil chaleureux repose alors essentiellement sur son incarnation de « la noire » (3) et/ou de « l’indigène » exotique, plutôt que sur un idéal d’intégration et d’assimilation . Ce type de représentation se retrouve également dans les discours de ceux qui explorent les enjeux identitaires de leurs propres groupes d’appartenance. Citons, par exemple, une vogue parmi les écrivains juifs en France comme aux Etats-Unis pour le thème de l’échec du « mariage mixte» en raison des différences essentialistes et donc incontournables entre époux. (4)
Ce genre de représentations essentialistes, fondées sur des conceptions biologiques, voire raciales, de caractéristiques humaines a connu, à son tour, un bouleversement majeur en raison du traumatisme lié à la Shoah. Ces notions étant associées aux pratiques de discrimination, voire d’extermination, il est, à l’heure actuelle, souvent difficile de les reprendre et de les analyser dans leur contexte historique.

Aussi cette journée d’études souhaite rassembler des contributions mettant en lumière la particularité de l’entre-deux-guerres, et plus particulièrement celle des années 20, en se centrant sur ces discours essentialistes visant les langues et les peuples et leur diversité. Plusieurs questions méritent selon nous d’être abordées :
  • Quelles sont les influences des contextes historiques et politiques nationaux sur ces types de discours ?
  • Quelles étaient les idéologies sous-tendant ces discours ? Quelles en étaient les stratégies et visées politiques recherchées ?
  • De quelle façon étaient exprimées les particularités du groupe d’appartenance et celui de l’autre, de l’étranger ?
  • Quels étaient les débats, voire les différends, parmi les opposants à ces discours essentialistes ?
  • Quelles frontières pouvons-nous dégager entre le relativisme culturel, le romantisme, l’essentialisme, l’exotisme, et le racisme, à l’époque des années folles ? Que sont-elles devenues à l’heure actuelle ?

Face au carrefour disciplinaire qu’ouvrent de tels questionnements il semble indispensable de travailler non seulement à partir de différents corpus (presse, littérature, ou discours politiques et scientifiques de l’époque tant en biologie, anthropologie, histoire, ou philologie) mais également avec différentes disciplines. Dans cette perspective nous souhaiterions ainsi pouvoir accueillir des chercheurs tant linguistes, que littéraires, historiens, anthropologues ou philosophes.

Les propositions de communication devront parvenir par courriel au plus tard le 1er mai 2013 à cecile.mathieu(a)u-picardie.fr,malinovich(a)gmail.com

Equipe organisatrice : Nadia Malinovich et Cécile Mathieu

(1) Paroles proférées par l’un des fondateurs de la Cité Universitaire Internationale, Emile Deutsch de la Meurthe. Cité dans Fabienne Chevallier, Sortie de guerre et enjeux urbains: histoire de deux projets parisiens (1919- 1939), Politique, culture, société, revue électronique du Centre d’histoire de Sciences Po, no. 3 (novembre- décembre 2007)(2) Cité dans Emily S. Rosenberg, Spreading the American Dream: American Economic and Cultural Expansion 1890-1945 (New York: Hill and Wang, 1982), p. 111.(3)Elizabeth Ezra, The Colonial Unconscious : Race and Culture in Interwar France (Ithaca : Cornell University Press, 2000), chapitre 4.(4) Nadia Malinovich, Race and the construction of Jewish identity in French and American Jewish fiction of the 1920s, in Jewish History (2005) 19, pp. 29-48.

ONE DAY CONFERENCE
Friday OCTOBRE 18, 2013
Romanticizing Difference: Identities in Transformation after World War I
organised by :

Le CERCLL-LESCLAP (Linguistique et Sociolinguistique: Contacts, Lexiques, Appropriations, Politiques) et le laboratoire CORPUS (Conflits, représentations et dialogues dans l’univers anglo-saxon)
UNIVERSITE DE PICARDIE – JULES VERNE

The First World War overturned existing system of beliefs and values in the Western World, highlighting a growing cultural malaise. While belligerent nationalist discourses were undeniably prominent during this period, other discourses, rooted in new hopes and dreams, were rooted in the desire to promote both mutual coexistence and a respect for difference. The fall of the Austro-Hungarian and Ottoman Empires permitted a dozen small nations to make their dream of self-determination come true, and the creation of the Society of Nations in 1920 was a part of this dream of international cooperation and harmony within a nationalist framework. Idealistic or utopian, this internationalism of the 1920s, while certainly drawing from Enlightenment ideals, re-oriented that ideology. Rather than an ideal of universal citizenship, many progressive thinkers now celebrated national and ethnic particularisms. The founders of the Cité Universitaire Internationale in 1925, for example, saw their project as part of a larger "struggle against the great danger that threatens civilization: people’s lack of understanding of one another" (5). In this spirit, in 1921, the Rotary International, a professional businessmen’s club, decided to add a sixth objective to its association: "To encourage and foster the advancement of understanding, good will and international peace through a world fellowship of business and professional men, united in the ideal of service" (6).

This taste for what one might qualify today as "multiculturalism" was often accompanied by an ambivalent kind of fascination. A renewed interest in folklore and mythology, primitive languages and ancestral peoples was characteristic of this period, and were exotic representations of colonialized peoples. Romantic references such as "the Jewish soul", "the French genius" or "the English spirit" were prevalent in popular discourse as well as in literary and scientific scholarship. While these representations were often positive in intention, they were strongly informed by the notion that an underlying racial determinism inevitably influences individual human personalities. These differences, in turn, could easily serve to create "exotic others" incapable of integrating into mainstream society. For example, Josephine Baker owed her success in Paris in the 1920s to her representations of "the negress" and or the "exotic native", who ultimately proved incapable of assimilation (7). We also find this type of representation in the discourses of individuals involved in identity politics within their own groups. In both France and the United States for example, Jewish fiction writers of the 1920s often used the trope of the failed intermarriage to invoke the idea of Jewish racial unity as a non-rational, uncontrollable force separating Jews from mainstream society, irrespective of their desire for integration. (8)
This kind of essentialist representation, which was rooted in a biological, racialized understanding of human nature, was discredited after the Shoah. Because these kinds of ideas are now strongly associated with practices of discrimination, and even extermination, it is difficult, from a contemporary standpoint, to analyze them in historical context.

This one-day conference will gather together scholars whose work highlights these essentialist discourses about languages and people and human diversity during the interwar years, and especially the 1920s. These issues can be approached from a variety of different angles.
  • How did particular political and historical contexts shape essentialist discourses of the interwar years?
  • What were the underlying ideologies behind these discourses? What were the political strategies behind them?
  • How did essentialist representations of one’s « own » group of belonging differ from essentialist representations of « the other »?
  • What were the debates and disagreements among contemporaries engaged in these kinds of essentialist discourses?
  • What borders can we delineate between cultural relativism, romanticism, essentialism, exoticism, and racism, in the interwar years? What borders can we delineate between them in the contemporary context?

We envisage a multi-disciplinary conference that will incorporate both a variety of sources, including the press, literature, and political and scientific discourses of the day-- biology, anthropology, history and philology—as well as scholars from diverse disciplines. We thus seek contributions from linguistics, literary scholars, historians, anthropologists and philosophers.

Please send proposals to cecile.mathieu(a)u-picardie.fr; malinovich(a)gmail.com by May 1, 2013.

Equipe organisatrice : Nadia Malinovich et Cécile Mathieu
(5) These were the words of one of the founders of the Cité Universitaire Internationale, Emile Deutsch de la Meurthe. Cité dans Fabienne Chevallier, Sortie de guerre et enjeux urbains: histoire de deux projets parisiens (1919-1939), Politique, culture, société, (electronic review) Centre d’histoire de Sciences Po, no. 3 (novembre- décembre 2007)(6) Cited in Emily S. Rosenberg, Spreading the American Dream: American Economic and Cultural Expansion 1890-1945 (New York: Hill and Wang, 1982), p. 111.(7) Elizabeth Ezra, The Colonial Unconscious : Race and Culture in Interwar France (Ithaca : Cornell University Press, 2000), chapter 4.(8) Nadia Malinovich, Race and the construction of Jewish identity in French and American Jewish fiction of the 1920s, in Jewish History (2005) 19, pp. 29-48.

jeudi 28 février 2013

Florence Binard / célibat féminin et eugénisme


La prochaine séance du GRER aura lieu demain vendredi 1er mars. Nous pourrons entendre Florence Binard, Maître de conférences à l'université Paris Diderot. Son intervention s'intitule :
 
Des femmes en surplus ? Célibat féminin et eugénisme en Grande-Bretagne

Au plaisir de vous y retrouver.